Je viens d’un village dans le sud-ouest de la France. J’ai toujours autant créé dans des lieux de concerts que des lieux in situ ou plus undergrounds, autant pour remplir mon besoin viscéral d’expression que pour partager ma vision du monde avec un public curieux. La musique me soigne profondément, j’essaie de transmettre cet effet thérapeutique en incluant le public dans mes histoires, et en essayant de rendre accessible l’acte créateur à tout un chacun.

Je dois énormément à mon mentor Denis Badault, qui par sa liberté, originalité et sensibilité m’a inspiré à créer une musique toujours plus surprenante et contrastée. Je dois également beaucoup à des artistes comme Bjork, Thom Yorke et Steve Reich, qui par leur sincérité, authenticité et œuvre monumentale m’ont permis de m’émanciper des conventions et trouver mon propre chemin. Je suis autant inspirée par les grands jazzmens et jazzwomens que les composit·eur·ices de musique classique, romantique et contemporaine, ou encore les grands songwritters. Pour moi tout réside dans la cohérence du propos et les choix artistiques qui sont faits pour lui donner vie musicalement.

Je travaille autant avec des matériaux acoustiques que des outils électroacoustiques. Toute ma démarche repose sur l’exploration permanente des outils et sons qui sont à ma disposition pour donner vie à mes idées. Cette curiosité constante m’a amenée à créer des répertoires très contrastés allant de la chanson à texte à la performance de musique expérimentale. Que ce soit avec mon violon, ma voix, mon piano ou bien mon synthétiseur, ma démarche est toujours la même : quel son pour quelle intention ? quelle texture pour quelle émotion ?, ainsi le processus créatif se transforme en un voyage toujours plus surprenant dans le monde du sonore. J’accorde également une grande importance au geste et au travail du rythme, avec ou sans instrument, et cherche souvent à créer une sensation de transe dans mes pièces plus polyrythmiques.Finalement, le texte est pour moi un matériau exceptionnel pour donner du sens à ma musique. Je l’utilise autant pour créer une sensation de dramaturgie dans mes chansons que comme un matériau élastique avec lequel s’amuser vocalement. Vecteur d’émotion et de vulnérabilité, il permet selon moi d’accéder rapidement à des états émotionnels qui décuplent l’effet cathartique de la musique.

Mon dernier album « Chants de l’Ame » est certainement le projet le plus personnel et thérapeutique que j’ai créé à ce jour. Ce répertoire de chanson contemporaine est fondé sur une quête de guérison personnelle, en repassant à travers des expériences traumatiques et blessures d’enfance, il me permet de me mettre complètement à nu devant un public, et cet acte de vulnérabilité me fait me sentir à ma place dans ce monde. Partager une musique aussi personnelle avec mes musicien·ne·s est aussi une expérience humaine merveilleuse : en les laissant s’approprier le matériau de mes maux pour en faire quelque chose d’encore plus beau et qui les rejoint émotionnellement, cette musique finit par transcender les coeurs, nous rapprocher et nous accepter toujours un peu plus. Finalement, le public est toujours conquis par l’expérience et se sent concerné par celle-ci. Le fait de voir un être humain s’ouvrir à ce point devant eux leur permet d’ouvrir leur coeur à leur tour, et l’expérience de
concert se transforme peu à peu en un moment sincère et intime entre êtres humains. Faire passer des messages d’amour et de paix à travers la musique est pour moi une des choses les plus importantes à faire en tant qu’artiste. Ce répertoire me le permet, et c’est pourquoi je me consacre à ce projet corps et âme.

Un jour, dans le cadre d’une expérience, j’ai découpé un violon (vraiment cheap) pour le remplir d’eau et y mettre un microphone à l’intérieur. Le résultat était extrêmement décevant, le violon a fini par exploser à cause de l’humidité et son cadavre demeure encore dans mon placard à ce jour 🙂